Histoire de Kientzheim

Les armes de la ville

« Parti d’argent et d’azur, à un ours de sable en pied, lampassé de gueules, brochant sur la partition » : les armes de la ville remontent au XV ème siècle.

On pense qu’elles font allusion à la fois à la force et la noblesse de l’animal et au fait qu’il hantait les forêts d’alentours (le dernier fut tué au début du XVII ème siècle). Il avait été remplacé dans le blason par un chien barbet par l’Armorial Général de Louis XIV et ne fut réhabilité qu’en 1979.

Un peu d’histoire ...

Chonesheim fut cité dès le VIIème siècle. En effet, l’abbaye de Fulda (Allemagne) y avait des propriétés dès 785, tout comme le couvent de St Félix et Ste Régule de Zurich (Suisse) en 920.

La localité passa ensuite en de nombreuses mains : les comtes d’Eguisheim, les comtes de Dabo, la famille de Ferrette, la seigneurie du Hohlandsbourg, qui revint aux Habsbourg puis aux Ribeaupierre.

En 1374, l’archiduc Léopold d’Autriche l’éleva au rang de ville. La bourgade s’entoura alors de remparts et tint foires et marchés.

Après les Comtes de Lupfen (XIVème), les domaines revinrent à Lazare de Schwendi (1522-1583) qui en fit le siège de sa seigneurie, renforçant les remparts et construisant le château, aujourd’hui propriété de la Confrérie Saint-Etienne.

Enfin, après la révolution française, Kientzheim devint libre et autonome, poursuivant son développement de cité viticole.

La Grand’Rue

La Grand’Rue avec son pavage

Lors de la 2nde guerre mondiale, 70 % des bâtiments furent touchés par les bombes des combats de la Libération, avec notamment l’incendie du Château de Reichenstein (propriété du Baron de Turckheim) où disparurent les très riches archives anciennes de Kientzheim. On les y avait déplacées pensant ainsi les mettre à l’abri.

Cependant, les habitants surent restaurer leurs maisons, conservant leur caractère ancien, aujourd’hui remis en valeur par le pavage de la Grand-rue avec des rigoles.

Les différents noms de Kientzheim au cours des siècles :

  • Chinzicha, 728
  • Conesheim, 877
  • Konsheim, 1303
  • Kunszhein, 1341
  • Kunsheim, 1465

Signification :
« propriété (-heim) de Cuno »

Les grands évènements de la commune au 20ème et 21ème siècle

  • 11 septembre 1911 : Destruction de l’ancienne « Maison des Bains » par la foudre.
  • 12 juillet 1934 : Destruction par un incendie du quartier ouest de la Ville (11 maisons d’habitations).
  • 18 juin 1940 : les Allemands occupent Kientzheim.
  • 9 décembre 1944 : Destruction et incendie du Château de Reichenstein où étaient conservées les archives de la Ville.
  • 17 décembre 1944 : Libération de Kientzheim.
  • 1952 : Déviation routière de Kientzheim empruntant le tracé de l’ancienne «Kaysersberger Talbahn», ligne ferroviaire reliant les différents villages de la vallée.
  • 1953 – 1954 : Restauration du clocher de l’Eglise Paroissiale.
  • 1955 : Fondation de la « Société coopérative vinicole ».
  • 1958 – 1961 : Assainissement des rues.
  • 1962 – 1963 : Restauration de la Chapelle St Félix et Régula.
  • 6 février 1966 : Le Char Renard devient le mémorial de la 5 ème D.B.
  • 1973 : Acquisition du Château Schwendi par la Confrérie St-Etienne.
  • 1975 : Grand Cru Schlossberg : 1er Grand Cru d’Alsace.
  • 1974 – 1976 : Restauration de 112 ex-voto de la chapelle Saint Felix et Saint Régule par Monsieur AMBROSELLI.
  • 23 et 25 juin 1978 : Fête du Centenaire de la Création du Corps Local des Sapeurs Pompiers.
  • 1980 : Création du Musée du Vignoble et des Vins d’Alsace.
  • 1981 : Extension de l’Hôtel de Ville.
  • 1984 : Construction de la Fontaine de la Place du Lieutenant Dutilh.
  • 1986 : Acquisition du Sacré-Cœur par le Département du Haut-Rhin.
  • 1997 : Construction du Groupe Scolaire.
  • 2002 – 2004 : Aménagement de la Grand-rue.
  • 2016 : Kientzheim, Sigolsheim et Kaysersberg fondent la commune nouvelle de « Kaysersberg Vignoble »

A voir et à savoir…

Kientzheim accueille ses visiteurs par la porte du Lalli, qui jouxte le château de Schwendi. Cette porte est surmontée d’une figure grimaçante sensée terrifier les ennemis. Face au château, sur la droite, la petite maison à colombage était celle du garde en charge du contrôle des passages. La Grand’rue s’offre aux promeneurs. Ici, chaque maison a une histoire et il fait bon flâner au travers des ruelles pour les découvrir.

A quelques ouvertures près pour la circulation, Kientzheim est resté entourée de ses 1,6 km de remparts, classés monuments historiques. Une promenade au sommet des douves fait le tour du village entre deux rangées de cerisiers (accessible aux personnes handicapées). On peut ainsi avoir un excellent aperçu du village dans son ensemble et …dans ses murs ! On remarquera au passage les maisons construites à flanc de muraille et intégrant complètement le rempart.

Dans l’entrée de l’Hôtel de Ville, on peut admirer une collection des anciennes pompes des sapeur pompiers locaux, dont celle qui sauva Kientzheim des bombes incendiaires de la 2nde guerre mondiale.

La Chapelle

Notre-Dame-des-sept-Douleurs

L’église paroissiale

L’église paroissiale, Notre-Dame des 7 douleurs, conserve les pierres tombales des Sires de Schwendi Père et Fils, ainsi qu’une belle danse macabre peinte. 

L’église sert également d’écrin au chef-d’œuvre du facteur d’orgues Valentin Rinckenbach (1795-1862) : des orgues magnifiques datant de 1847 et inscrites aux Monuments Historiques en décembre 2019.

La chapelle St Félix et Ste Régule

La chapelle St Félix et Ste Régule, quant à elle, abrite une exceptionnelle collection d’ex-voto, datant de l’époque où Kientzheim était un célèbre pèlerinage marial.


La chapelle Saint-Félix et Sainte-Régule a été reconstruite en 1966 sur le lieu originel d’une église plus grande qui avait traversé les siècles jusqu’à être sérieusement ébranlée pendant la deuxième guerre mondiale. 


Elle abrite aujourd’hui une exceptionnelle collection d’ex-voto, datant des 18ème et 19ème siècles, du temps où la commune était un célèbre pèlerinage marial. 

Ils ont été restaurés par le sculpteur Ambroselli et des jeunes du village.

Intérieur de la Chapelle
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Un ex-Voto

Le miracle et le pèlerinage de Kientzheim

Statues de St Jean et de la Vierge
2 ex-Voto de la Chapelle

En 1466 alors que les hordes du Seigneur Jean Wild, Grave et Sous-Bailli de l’Empire en Alsace sévissent dans la région, des paysans de Sigolsheim apportent à la chapelle Saint Felix et Sainte Régule de Kientzheim deux statues afin de les mettre à l’abri. 

Ces statues proviennent d’un calvaire de leur église paroissiale et représentent St Jean et la Vierge. A peine sont-elles installées dans la chapelle que des larmes se mettent à couler de leurs yeux. 

La véracité des faits est attestée, après vérifications des autorités religieuses, et très rapidement, Kientzheim devient un lieu de pèlerinage qui perdure jusqu’au 19ème siècle.

Extrait du document du miracle

Le jeudi 7 août 1466, avant les Vêpres, au moment où la cloche sonnait deux heures ou peu après, se trouvaient, dans l’église inférieure Ste Régule de Kientzheim, les statues de Notre Dame et de St Jean.

 »Les témoins ont vu que des deux yeux de l’une et l’autre images sortaient des larmes comme de l’eau fraîche, et que ces larmes leur découlaient sur les joues, jusqu’au cou et le long de la gorge, de manière perceptible, visible et évidente ».

La chasse aux sorcières

Entre le crépuscule du Moyen Age et l’aube des Lumières, à partir du XVIème siècle, tous les pays de l’Europe chrétienne s’embrasent en brûlots épars :
on chasse les sorcières et l’on s’en prend à toutes celles qui s’écartent de la norme : guérisseuses, sages-femmes, riches veuves, vieillardes, jusqu’aux jeunes enfants. Initié en Espagne où l’Inquisition mène les procès et en Italie, le phénomène s’étend aussi à la France et à la Suisse. Bientôt, le combat contre le diable et la malepeur touche également le Saint Empire Romain Germanique. Il atteindra plus tard les îles britanniques, la Scandinavie et jusqu’à l’Europe orientale.

Ainsi, comme d’autres régions, la terre d’Alsace – à peine sortie de la sanglante Guerre des paysans – n’échappe pas à ce déchaînement inouï de violences et de cruautés : plusieurs milliers d’Alsaciennes furent ainsi accusées d’avoir pactisé avec le Diable, parfois simplement sur la dénonciation d’un voisin ou d’un proche, jaloux et envieux.

Kientzheim n’a pas échappé à cette chasse et compte 2 victimes :

  • Regula Rindermass, femme de Georges Rindermass, bourgeois de Kientzheim, poursuivie dans les années 1590. On ne connaît pas l’issue du procès.
  • Catherine Bassler, 60 ans, servante du curé de Kientzheim, femme de Michel Ochs, charpentier à Rodern, brûlée à Bergheim en 1630, après avoir été décapitée.

Toutes ces informations sont tirées de l’ouvrage de Jacques Roehrig, « l’holocauste des sorcières d’Alsace ».

La plus vieille maison de Kientzheim

La plus ancienne maison de Kientzheim est située au 17 Grand’Rue et date de 1427.

Elle a été datée en 1979 par une étude dendrochronologique (datation à partir de l’étude des anneaux du bois) réalisée par Bernd Becker du laboratoire de Stuttgart-Hohenheim. Le pan de bois et la charpente ont été mis en œuvre avec des arbres dont l’origine remonte à 1340 et à 1349 et qui ont été coupés en 1427. La construction s’est faite aussitôt car au Moyen Age l’utilisation du bois vert était de règle. Les fenêtres et le rez-de-chaussée ont été refaits, les lucarnes sont une adjonction. Après la guerre, l’escalier extérieur de descente à la cave a été supprimé et l’ancienne baie remplacée par une nouvelle en plein cintre. Le passage d’entrée commun avec la maison accolée vers l’ouest (maison 19) remonte peut-être au début du 19e siècle (peut-être à 1816, date d’une porte dans la cour de cette maison). 

C’est une petite maison à gouttereau sur rue avec étage en pan de bois, en encorbellement. Le poutrage est de structure médiévale avec assemblages en queue d’aronde de tous les liens avec les poteaux et les sablières. Au rez-de-chaussée remanié, porte rectangulaire et 2 portes en plein cintre, l’une remplaçant l’ancien accès à la cave, la seconde donnant accès au passage d’entrée. A l’étage, est conservée dans la salle, la cloison médiévale en bois formée de montants et traverses moulurées avec panneaux en planches de sapin d’une seule pièce

 

La plus vieille maison de Kientzheim

Le pavage de la Grand’Rue

Le revêtement de la rue principale était en piteux état. La municipalité a donc décidé de le remplacer par des pavés, optant pour le porphyre du Trentin (Italie du Nord). 

Le chantier a été réparti en 3 tranches de 2002 à 2007. 

Il a été réalisé manuellement par Christophe LAENGER qui a posé à lui seul les 550 000 pavés!

Placés sur leur tranche naturellement lisse, ces pavés s’avèrent bien plus silencieux que d’autres pierres. De plus, leur dureté extérieure les rend moins sensibles au gel et aux taches d’huile.

D’autre part, par la même occasion, on remit en service les rigoles d’antan qui apportent vie et fraîcheur à l’artère principale. L’eau vient du Canal des Moulins et y retourne à la sortie du village. 

En remerciement pour la qualité de son travail, Monsieur LAENGER a été nommé « Citoyen d’honneur de Kientzheim ».

 

 

Le char

A la sortie ouest, vers Kaysersberg, on peut voir le Char Renard, commémorant les durs combats de la Libération de la ville le 17 décembre 1944. Le monument rappelle les sacrifices des hommes de la 5ème D.B. et un panneau explicatif retrace en détail les évènements.

Ce char est l’un des rares monuments à être resté sur la place même des combats qu’il a menés.

Le char a été repeint en 2019 par une équipe de bénévoles en partenariat avec la mairie.

 

 

Les bénévoles devant le char